Les dernières années ont été caractérisées par un regain d’intérêt pour les pratiques de traduction de la Renaissance, ce qui s’est traduit en la publication d’importants ouvrages comme Histoire des traductions en langue française (XVe et XVIe siècles) (dir. V. Duché, 2015). Cela a permis de mettre en valeur les spécificités d’une époque qui connut aussi bien une hausse exponentielle du nombre de traductions réalisées par rapport au Moyen Âge que la naissance de la figure du traducteur professionnel. D’autre part, les dernières décennies ont également été marquées par la redécouverte du théâtre français du XVIe siècle, qui est redevenu accessible à un public plus large grâce à des collections comme « Textes de la Renaissance » (Classiques Garnier), « Dramaturgica gallicana inedita et rara » (Edizioni dell’Orso) et, surtout, la collection « Théâtre français de la Renaissance » (Olschki), lancée en 1986 par Enea Balmas et Michel Dassonville et actuellement dirigée par Rosanna Gorris Camos et qui a contribué fortement à stimuler l’étude d’un corpus de pièces théâtrales (tragiques et comiques) longtemps négligées voire discréditées par la critique.
Cependant, il n’existe pas à l’heure actuelle de projet de recherche entièrement consacré aux traductions théâtrales de la Renaissance, de même que l’on observe une pénurie de ressources électroniques (sites internet, plateformes, bases de données) susceptibles de traiter ce corpus d’une manière exhaustive. Jusqu’à présent, en effet, les projets numériques consacrés au théâtre n’ont accordé qu’une place limitée au XVIe siècle (par exemple le site Théâtre Classique, tout en offrant une grande quantité d’éditions, n’en propose que 8 pour le XVIe) ou bien, tout en menant un travail précieux pour les spécialistes, ont choisi de se focaliser sur des aspects spécifiques (par exemple les paratextes, dans le cas du projet « Idées du théâtre »).
C’est pourquoi le projet BVTTR entend combler ce vide en adoptant une perspective de recherche large, à la fois linguistique et littéraire, d’une part, et historique et culturelle, de l’autre ; en réhabilitant des traductions particulièrement négligées au sein d’un corpus lui-même peu connu, à savoir celles qui ont été réalisées dans la première moitié du XVIe siècle ; et en accordant sa juste place à l’Arioste dramaturge, dans la lignée des travaux fondateurs – mais anciens – de Cioranescu (1939) et Botasso (1951).